Au moment où le gouvernement lance le volet logement du Conseil National de la Refondation (CNR), affiche une volonté de revitalisation des territoires et en appelle à leur réindustrialisation, il conviendrait de mettre le soutien à toutes les formes de logement au cœur de la stratégie de la nation. Il n’en est rien.
Les chiffres sont têtus : tout indique que l’ensemble des secteurs du logement s’enfoncent progressivement dans la crise. La hausse vertigineuse des couts des matériaux affecte le logement neuf (privé comme social) mais aussi les projets de rénovation. La réduction drastique de l’accès au crédit affecte tous les marchés. Jamais les annulations de programme par les promoteurs n’ont été aussi nombreuses. Alors que plus de 150 000 logements autorisés ne sortiront ainsi jamais de terre, qui se souvient encore de l’objectif consensus des 500 000 logements construits par an ?
A tout cela, les pouvoirs publics répondent par un silence assourdissant.
Pis : ils amplifient la chute durable du pouvoir d’achat des Français. Nos concitoyens le savent : jamais le logement n’a été aussi cher ! Il ne pourrait d’ailleurs en être autrement tant les décisions prises sont inflationnistes. Concentration des moyens financiers sur certaines zones, réduction des dispositifs fiscaux aux investisseurs, exclusion de biens à la location, renforcement des contraintes sur le neuf sont autant de mesures qui alimentent la pénurie et donc tirent les prix vers le haut.
Comment peut-on prétendre soutenir le pouvoir d’achat des ménages sans se préoccuper du premier poste de leurs dépenses ? Faut-il rappeler à ceux qui vivent sous les Ors de la République que nos concitoyens actifs affectent plus de 30% de leurs revenus au logement ? Serions-nous devenus si pauvres que, pour la première fois depuis l’après-guerre, nous nous trouverions dans l’impossibilité de soutenir le secteur de la construction au travers d’une politique ambitieuse en faveur de l’accession à la propriété ? Au moment des débats sur les retraites et sur le pouvoir d’achat, on ne peut ignorer que l’accès à la propriété reste le seul moyen pour la classe moyenne de se constituer un patrimoine et de sécuriser son avenir ! On ne peut exiger de nos actifs de faire toujours plus d’efforts, et en même temps les priver du rêve de voir leur foyer sécurisé par l’acquisition de leur résidence principale.
Ne nous méprenons pas : nos concitoyens actifs et travailleurs ne demandent pas à l’État qu’il leur offre un logement, ni même qu’il subventionne massivement leurs projets. Ils attendent simplement qu’il recréée les conditions d’un accès possible et raisonnable à la propriété. Certes aucune solution miracle n’existe, mais quelques mécanismes peu couteux et pour certains déjà éprouvés seraient simples à mettre en place :
1) Rétablir l’équité territoriale de l’accès aux financements par l’alignement des quotités du prêt à taux zéro sur toutes les zones,
2) Réformer rapidement le mode de calcul du taux d’usure, frein financier purement technique qui a causé en 2022 le blocage de dizaines de milliers d’opérations,
3) Consolider l’accès aux crédits pour les futurs propriétaires grâce à la mise en place d’un mécanisme public de garanties (à l’instar des mécanismes de caution parapublics pour les locataires),
4) Conditionner ces dispositifs dans le neuf à des critères de sobriété foncière afin de s’inscrire dans la trajectoire de sobriété foncière.
Tous les Présidents de la République de gauche comme de droite, François Mitterrand, Jacques Chirac, François Hollande, Nicolas Sarkozy ont soutenu et développé des politiques ambitieuses dans le domaine du logement et de l’accès à la propriété. Bien sûr tout n’était pas parfait, mais il y avait des ambitions dans le domaine et des résultats. La comparaison avec la période actuelle est édifiante, tant cette politique de France des locataires transforme peu à peu l’accession en privilège réservé aux élites.
En organisant ainsi méthodiquement la précarité patrimoniale des Français, nos gouvernants préparent de façon certaine la prochaine bombe sociale.
Damien Hereng – Président de la FFC
À propos de la FFC :
La Fédération Française des Constructeurs de maisons individuelles est la seule fédération indépendante et 100 % CMI, c’est-à-dire regroupant uniquement des constructeurs respectueux de la loi du 19 décembre 1990. Fondée en 1993, elle a pour vocation de promouvoir la maison individuelle en secteur diffus, de représenter et défendre la profession, tout en ayant à l’esprit la protection du consommateur essentielle au regard de près de 80 % des Français plébiscitant ce type d’habitat.
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